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Le blog de Michel Giliberti

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Puisque le bleu a eu le bonheur de plaire et que demain je pars à Toulon pour les raisons déjà évoquées, j'ai mis quelques nouveaux bleus à couver pour qu’à mon retour, éclosent d’autres belles choses à partager...

 @ bientôt,

Michel

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Vendredi, je cours chez ma mère… elle m’attend à Toulon dans un hôpital… C’est peut-être la dernière fois que je la vois... elle est au plus mal. Elle a quatre-vingt-onze ans.
J’abandonne mes habits d’adulte et m’enfuis vers le sud où l’usage pour moi est d'y revenir petit.
L’orgueil est à ceux-là qui croient que l’on grandit comme une belle plante quand le sol se dérobe si souvent…
J’ai tant vibré près des sources chaudes du soleil que j’ai du mal à croire que ma mère puisse rencontrer celles d'un froid définitif.
C’est ainsi... Ma mémoire scintille de tous les jeux, de tous les rires, de tous les baisers qu'elle m'a donnés.

Les bras de ma mère n’ont jamais été assez grands…

@ bientôt…

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Tout me séduit, tout m’étonne, tout me passionne.
Je suis curieux des gens et des choses. Ils ont sur moi un pouvoir délicieux, un pouvoir toujours renouvelé.
Parfois, mon goût des autres est comblé comme ce matin-là, à Sidi Bou Saïd, où un ouvrier repeignait la façade de la maison d’en face.
Par hasard, en me penchant à la fenêtre, je l’avais vu, du fond de la rue, arriver chez ma voisine, avec l’air de se promener. Il m’avait salué avec un grand et beau sourire puis quelques instants plus tard s’était assis sur le bord du trottoir pour boire avec lenteur ( comme seul un Tunisien sait le faire ) le café que lui avait offert la maîtresse de maison et, après avoir grillé une cigarette, il s’était mis au travail.

 
Calme et serein, il fredonnait de temps en temps une chanson d’Oum Kalsoum.
Longtemps je me suis rassasié de cette image répétitive du rouleau qui montait et descendait le long du mur avec indolence, puis je n’ai pas résisté à voler ces deux photos. Je n’en ai pas pris davantage, par pudeur. Je voulais juste saisir la grâce de cet instant.
Il y avait juste son chant, juste le bruit sourd des insectes dans la tiédeur du matin, juste l’odeur épicée de la Tunisie qui se réveille et l’étonnante lumière qui se reflète sur les murs des maisons et au creux de chaque fleur des grappes de bougainvilliers.
Encore quelques minutes à l’observer derrière mes persiennes entrouvertes et je suis parti acheter ma brioche au sucre chez Charchouf et j'ai pris un capucin à la terrasse du Marsaoui.


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Les bleus sont impatients. Ils forcent l’éveil de vos sens.
Dès le petit matin, ils vous attendent avec la mer qui s’attache à vos yeux, la mer brillante comme un saphir démesuré.
Alors, trahir son sommeil pour rencontrer un tel minéral, une telle transparence est un jeu d’enfant.
On s’y plonge, on s’en repaît… Moi, je m’en saoule.


Et puis vers midi, la peau brûlante et les yeux rougis du sel liquide, vous revenez affamé, vous revenez assoiffé jusqu’à la maison qui patiente derrière les bougainvilliers.
La blancheur de ses murs vous rappelle que le Soleil, le vôtre, le seul, celui qui fait battre plus vite votre cœur, est à l’intérieur, à l’abri… C’est là qu’il paresse, c’est là qu’il somnole dans les draps marine en attendant votre retour. Il n’aime pas la chaleur, lui. Il la connaît tant.



Vous pénétrez la salle fraîche et obscure et vous allez jusqu’à lui. Vous agitez sous ses narines un brin de jasmin que vous avez cueilli à la porte voisine. Il ouvre les yeux, des yeux endormis, mais des yeux aussi noirs que le ciel est bleu.


Vous, vous ne savez quoi faire, vous ne savez quoi dire, à tant le regarder…
Lui il s’en moque, il a faim et se lève. C’est l’heure du repas, l’heure d’avant la sieste. Dehors, sur la terrasse, la faïence des assiettes et l’azur des verres vous attendent à même le sol, au milieu de fleurs coupées qui fanent au soleil.
On entend les cigales et, dans le ciel, les hirondelles font des taches mouvantes.



Vous le regardez à contre-jour allumer une cigarette. Vous le devinez beau.
Il le sait et ça lui plait.
Ça le fait même rire.
Et pour vous le prouver, il se tourne vers vous, dans la lumière et vous inonde de son sourire.
Vous, dans votre tête, vous ne savez toujours pas si tout va bien, vous n’avez jamais su… mais votre corps, lui, le ressent si fort.


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L’heure bleue…
L’heure du sfumato pour les artistes de la Renaissance italienne, l’heure qui modèle les visages en fin de journée, quand tout devient bleu, quand les traits de chacun semblent apaisés, presque recueillis, quand le temps n’est plus qu’à la réflexion, à la détente.
L’heure bleue…
L’heure de tous les ailleurs, de tous les possibles. L’heure qui déclenche chez moi une grande nostalgie, une immense introversion, jusqu’à l’introspection, qui date des heures bleues d’autrefois où j’attendais en soirée, isolé dans le jardin de mes grands-parents, que mon père leur dise au revoir et qu’enfin, nous rentrions à la maison. De cette attente, à contempler chaque chose d’un jardin immobile dans la tiédeur des soirées tunisiennes, à les voir s’évanouir doucement dans le bleu de la nuit qui approchait,
naissaient des inquiétudes fantasques  dans mon esprit exalté.
Ici, dans mon jardin, l’heure bleue est aussi celle des oiseaux, de leurs dernières discussions au sommet des arbres, au creux des bambous, ou à même le sol comme les tourterelles et les merles qui, à l’ombre des buissons en fleurs, défient les chats.
L’heure bleue…
L’heure d’avoir sur la langue et dans le sang la chaleur d’un alcool en regardant dehors… où rien ne vous regarde. L’heure de franchir les portes des interdits.
Et penser à ses mains, à ses bras…
Et sentir la morsure de ses dents à vos lèvres…
Et croire qu’ici, chez vous, c’est aussi les parfums de là-bas qui s’exhalent.
L’heure bleue…
L’heure où le guerrier obscur qui vit en vous dans la journée sait se retirer et vous laisse recevoir en soirée l’homme en paix qui brasse vos idées et moissonne vos désirs.









            Chaque souffle
            Dans mes nuits écorchées
            Chaque mot
            Dans mes phrases avortées
            Savent te dire
            Les promesses et les voeux
            À l’image.
            De tes lèvres


                © Giliberti / 2007


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    Les jardins sont des extensions de nos névroses… né-vroses... Né…rose.
Né dans les roses. Né… dans les choux.

Si tant de jeunes gens ne s’intéressent plus trop à la nature, c’est peut-être parce qu’ils savent où ils sont nés. Plus de roses, plus de choux.  Leur imaginaire s’est fait la malle depuis longtemps, mais c’est une autre histoire abracadabrantesque (j’emploie ce mot en souvenir de notre cher Chirac désormais près des ifs, pour continuer les métaphores buccoliques) .
Pour être plus sérieux, les jardins sont un peu nos récréations et nos créations divines… notre Éden à chaque buisson planté… nous punissons la mauvaise herbe, comme Dieu a puni cette mauvaise graine d’Adam et Ève…


En dehors de ces clichés, reliquats d’une enfance chrétienne, le jardin, c’est avant tout la terre ; la terre qui nous nourrit, la terre qui nous recevra.
Le jardin, c’est la maturité de l’âme et le déclin du corps. Le jardin, c’est un destin mêlé d’enfantements et de fausses couches… Je parle d’accouchement, parce que le jardin est très masculin dans ma tête, alors que la terre est féminine ; il y a là une belle symbolique.
La terre accouche de ce que le jardinier plante en elle.


Ce sont des réflexions extrêmement enfantines, si peu objectives, mais il faut dire que lorsque j’étais petit, moi qui vivais en ville, j’allais presque tous les soirs en compagnie de mon père, rendre visite à mon grand-père qui habitait à quelques kilomètres de Ferryville, en pleine campagne de Tinja, et qui possédait un immense jardin.
Un jardin qui me faisait rêver.

Un jardin, subtil, varié que je pénétrais toujours avec la même émotion…
Un jardin à l’opposé de mon grand-père,  homme bourru et taciturne...



Comment pouvait-il faire grandir les citronniers, les orangers, les abricotiers, la vigne ?
Comment
pouvait-il faire pousser, les clématites, les tournesols... et les roses ?
Comment
pouvait-il faire naître les haricots, les artichauts, les poivrons, les petits pois... et les choux ?
Quoi qu'il en soit, le jardin reste un sentiment toujours en mouvements, toujours présent.


Quand je vais quelque part et que j'en reviens, je retrouve mon jardin comme on retrouve quelqu’un qu’on aime, quelqu'un qui vous attend. Le temps de le traverser pour retrouver la maison, je l’observe mine de rien, j’arrache une mauvaise herbe, je caresse un tronc, je respire une rose… Je me retrouve.



Il ya quatre jours, juste avant que le temps ne se gâte, j’avais pris ces quelques photos…



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C’est au cours d’un de mes vernissages parisiens en 1998, que j’ai rencontré Hicham Nazzal. Il avait dix-huit ans et demi, un visage très expressif... Immédiatement je lui ai fait part de mon désir de le peindre. Il se donna une semaine de réflexion, puis finalement, accepta. Très vite les séances de pose commencèrent avec Massive Attack en fond sonore et très vite aussi nous sommes devenus des amis.

    Il m'inspira cette première toile : "Hicham"

    Puis cette autre ,éloignée de sa personalité, mais qui mettait en avant son physique...

    J'enchainai avec celle-ci qui faisait partie d'un tryptique pour dénoncer le racisme.


À l’époque, Hicham était déjà un vrai cinéphile et il suivait des cours de théâtre privé. Sa volonté était farouche.
Rien d’étonnant d’être parvenu, si vite, à devenir comédien... Parallèlement à son métier d’acteur, il a été animateur d'émissions à la télévision, en France comme à l’étranger. Il a écrit de nombreux scénarios et d’ailleurs, il est en train de mettre sur pieds celui de mon roman « Bou Kornine ». J’en suis très heureux. Il n’y aura plus qu’à trouver un producteur…


... Hicham est très cultivé, très subtil, brillant même, mais lorsque nous sommes ensemble, il me fait surtout mourir de rire, à toujours raconter des anecdotes croustillantes doublées d'excellentes imitations. Et puis nos origines méditerranéennes sont suffisamment proches pour créer cette entente particulière des gens du sud, cette faculté à nous moquer de nous-mêmes (sans oublier les autres…)

Je ne suis pas l'agent d'Hicham, aussi je ne peux pas vous donner la liste complète de ses films ou des nombreuse dramatiques qu'il a tournées pour la télévision, pas plus que les courts métrages, mais je vous cite ses trois derniers de mémoire.

2006 SCORPION de Julien Séri,
2006 J'AI REVE de Hormoz,
2005 MUNICH de Steven Spielberg,

Vous trouverez toute sa fimographie et ses projets sur son blog.


Hicham et moi, le soir de la signature de mon dernier roman à l'automne dernier, "Blessure animale" aux éditions Bonobo, et dont le tableau "Hicham" a servi la couverture.

 

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J’ai eu une enfance géniale, entouré de l’amour de mes parents et de celui de mes deux sœurs.
J’ai passé le plus clair de mon temps à faire à peu près ce que je voulais. J’ai grandi au-dessus de l’Olympia, le cinéma dont mon père s’occupait.
Je courais avec le même bonheur de la cabine de projection à la salle, pendant ou en dehors des séances.
Je pouvais voir tous les films nouveaux dont certains allaient devenir des classiques.
J'étais toujours exalté, toujours plein de rêves. Je le suis toujours. J’ai même longtemps envisagé de rouvrir ce cinéma en tant que tel, ou d’en faire un vaste centre culturel ; d’ailleurs, lorsque le film Cinéma Paradiso est sorti, j’ai eu un coup au cœur, une émotion extrême, tant l’histoire de Toto, le petit garçon, était proche de la mienne. Mais le temps a quelque peu écorné ce rêve difficile à réaliser pour tout un tas de raisons…
Si je parle de ce passé, c’est parce qu’hier soir, j’ai eu une conversation très éprouvante avec une amie qui me parlait de son enfance, de sa souffrance d’avoir été une enfant maltraitée, bafouée dans ses moindres désirs.
J’étais bouleversé, même si je connaissais déjà son histoire.
L’enfance est si brève ; la voir sapée par des géniteurs infâmes a quelque chose de révoltant… Elle ne devrait être que le temps de tous les espoirs, de toutes les forces, de toutes les constructions, jamais de cet exil dans les souvenirs condamnés.
Ne pas pouvoir se rappeler les caresses, ne pas pouvoir se rappeler le sourire de son père et de sa mère est un vol dans l’enfance.
Et ce souffle qui manque à l’adulte blessé vaut bien ces quelques lignes.




Certains naissent des caresses de l'enfance
D’autres vivent  de ses gifles, de ses coups
Et ceux-là s’en souviennent.
Chaque amour avorté porte en soi
Les sourires et les mots qui lui manquent
Celui-là s'en consumme.
La vieillesse est un vent qui se meurt
Quand celui de l’enfant souffle et gronde.
Naufragés au tombeau,
Les parents crèvent en paix
Naufragés au berceau
Les enfants vivent en guerre.

 © Giliberti / 2007


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Jean-Pierre, un de mes amis m’a téléphoné hier dans l’après-midi. Nous avons parlé de choses et d’autres, de projets littéraires, de théâtre, puis de la Tunisie qu'il aime tout autant que je l'aime. Il se trouve que le matin même, j'avais reçu un coup de fil de Moez( mon modèle tunisien)qui était parvenu à me faire rire avec Sarkozy : « Je suis très content que Sarkozy, c’est le président de la France ! m’avait-il annoncé, maintenant je suis sûr que tu vas t’installer en Tunisie, in ch’Allah ! » Si tout était aussi simple que ça…
Ce matin, je n’avais aucun sujet pour le blog, tout au plus j’envisageais de parler de mon jardin et des jardins en général pour faire un clin d’oeil à Marie-France, une grande amie, qui doit écrire un texte sur les jardins, et qui, du coup, m’avait donné envie d'en faire autant, mais hier, entre Jean-Pierre et Moez, la Tunisie, m’a rattrapé...


... Alors, sans m’étaler davantage, sans reparler des sempiternels refrains qu’évoque mon pays, voici deux photos de Moez ; Moez, habillé une fois encore en homme du désert, lui, toujours en jean et en casquette. Oui, juste un peu de ce bleu qui incendiait son visage, ce jour-là…


... Et puis la porte de l’ancienne maison dont je n’ai plus la jouissance depuis cette année, la maison de Sidi Bou Saïd où j’ai vécu tant de belles choses pendant quatre ans, tant de moments aussi sucrés que les pâtisseries du pays, tant de douces soirées ; où, assis sur les marches de l’entrée, à respirer le jasmin de la petite cour, j’ai tant discuté, ri, joué avec tous les amis du quartier, la petite maison où j’ai écrit Bou Kornine et dans laquelle, quand sa porte s’est refermée pour la dernière fois, mon coeur est resté à l'intérieur...


... Sur le rebord de la baignoire, j'ai laissé quelques-unes de mes perles de verre... quelques gouttes bleues sur la faïence, comme les traces de blessures sans importance... bleues, comme mes bleus à l’âme, bleues comme les portes de Sidi Bou Saïd.

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Je suis seul, ce soir. La nuit se pose doucement. Chaque chose perd de ses couleurs pour se fondre dans un gris bienfaisant. Bientôt, j'enflammerai quelques abats-jours.
Je sens une langueur dans chacun de mes gestes, une langueur de l'esprit aussi. Comme souvent, quand rien ne sort de moi, sinon la peur d'un avenir chancelant très vite étouffé, je me réfugie dans mes peintures qui me portent depuis l'enfance.
Je regarde ce que j'ai fait.
J'imagine ce que je ferai... quatre toiles violentes et sanguinaires, cruelles et bouleversantes, quatre toiles guerrières !
Je cherche le modèle, celui qui devra convenir à cette inspiration dont toute la dramaturgie est  inscrite dans ma tête depuis quelques semaines déjà.



Aujourd'hui, j'ai besoin de dormir
À deux pas du silence,
Dans l'errance.
Aujourd'hui, j'ai envie de mendier
À deux souffles d'un exil,
 Sous tes cils.
Aujourd'hui, j'ai l'urgence de t'avoir
À deux signes de mes gestes
De mes restes.
Aujourd'hui, je veux être confiant
À deux notes de mes craintes,
 De tes feintes.

© Giliberti / 2007

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