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Le blog de Michel Giliberti





Pas de désir d'alcool
Au fond de ton alcôve
Quand, d'errance en dérives,
Tu décolles et me rives
À ton rôle et tes râles
Dans tes nuits de plein jour.

Pas de désir d'alcool
Quand, tes yeux de soie noire
Sans dévier se déversent
Dans les miens et devinent
Qu'ils me saoulent en silence
D'une ivresse sans vertige.

© Giliberti



Tresac / Castré.

Si dans la nuit je trinque
 
Aux douleurs ineffables
Aux fléaux et aux fuites,
C'est mon ennui qui boit
Qui boite et qui me nuit
De dépits en dépens.

Si dans la nuit je trinque
À la tragique alliance
De mes peurs et mes cris,
C'est sans doute un répit
Aux cent doutes qui m'épient
Et ravinent mes sens.

© Giliberti




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En octobre, j’avais évoqué les dérives de Pascal Sevran à propos du tourisme sexuel dans mon article « Sevran navrant ».
Il nous la rejoue en affirmant que l’Afrique mourra à cause de la « bite » (je cite), et qu’il faudrait stériliser la moitié de la planète.
Après avoir léché les bottes de Mitterrand et caressé Sarkosy, il finira bien par sucer Le Pen…
Je ne veux même pas m’étaler sur des propos aussi « cons ».
Cette fixation sur le membre africain est sans doute une forme de « Lape suce » !

Il y a quelque temps, j’ai réalisé une toile intitulée : « Not only this ».


À travers elle, je dénonce l’objet sexuel que représente l’homme noir pour certains.
J’ai volontairement mis en avant son sexe et n’ai gardé de son visage que la bouche outrageusement maquillée pour montrer le symbolisme sexuel qui fait abstraction de l’intelligence.
Le grand visage du personnage en arrière-plan, au maquillage rituel cette fois, évoque la culture ancestrale qu’il ne faut pas occulter.


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Hier soir, mon ami et moi, nous sommes allés dans un restaurant d'Évreux.
À peine avions-nous pénétré les lieux, nous fûmes accueillis par d'impressionnantes et innombrables guirlandes d'un feuillage en plastique qui courait autour des cuivres rutilants au-dessus de la cheminée, le long des poutres au plafond, et jusque dans les encoignures des murs avec la vigueur d'un liseron capricieux qui méritait un bon herbicide. Les nombreux miroirs auxquels incombait la triste tâche de refléter la caissière, étaient, eux aussi, parcourus de cette extravagance herbacée et l'ensemble, triste à pleurer, affichait le décor d'une fête ratée. Bref, le tout se voulait très « rustique » autour des nappes rose layette.
Pour nous, c'était parfait. Nous aurions de quoi oublier nos soucis.
À peine étions-nous installés, Jean-Charles sortit une cigarette pour se détendre. À ce moment, la harpie de service s'est précipité sur lui, toutes dents en avant pour dire qu'on ne fumait pas dans ce restaurant. Nous avons alors demandé où se trouvait « l'espace fumeurs ».
La charmante serveuse nous affirma que ce restaurant était totalement non-fumeur et elle ajouta avec un large sourire (seulement large et point beau) « qu'ils » avaient décidé avant que la loi sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics ne passe, de l'appliquer pour des raisons de santé, car leur clientèle le méritait.
Il était tard, nous avions très faim. On abdiqua.
Nous commandâmes deux énormes assiettes de fruits de mer, un bon vin blanc, et voilà !
Trois heures plus tard, au milieu de la nuit, ce fut la course aux toilettes, chacun à se vider, en écoutant le chant subtil des coliques de l'autre.
Ce matin, l'estomac encore mis à rude épreuve par les bulots et autres coquillages de la veille, nous sommes heureux de ne pas trop avoir absorbé la fumée d'un tabac qui aurait pu altérer nos poumons... et félicitons les responsables de ce restaurant exemplaire qui se soucient tant de la santé de ses clients.
Y a pas que le polonium qui tue !

Quelle misère !


 Après un abus de fruits de mer poloniumisés... Voici que qu'est devenu mon modèle.

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Mon ami algérien (l'écrivain Aniss.A) m'a fait part d'un communiqué de l'agence Reuters (U.S.) où il est mentionné que Jerry Klein (personnage que je ne connaissais pas) a proposé, alors qu'il était l'invité d'une radio locale, que l'on tatoue tous les musulmans vivant sur le territoire américain, afin de surveiller leurs allées et venues plus facilement.
Il suggéra même de les marquer d'un croissant?
Il paraît qu'aussitôt, les coups de fil de ceux qui cautionnaient cette proposition et ceux qui la dénonçaient ont saturé le standard de l'antenne.
Parmi ceux qui approuvaient cette abjection, certains exigèrent même de corser le système en créant des camps pour musulmans et mieux... de les supprimer.
Cette annonce de tatouage provoqua un tel tollé (fort heureusement) que le fameux Jerry Klein avoua peu de temps après qu'il ne comprenait pas comment les gens avaient pu sérieusement envisager la crédibilité de ses propos. Tout cela n'était bien sûr qu'une simple plaisanterie !
Hitler devait avoir autant d'humour que Jerry Klein avant de décider finalement que les juifs arboreraient un triangle jaune sur leurs habits et que les homosexuels, comme pour le choix d'une layette en porte un rose; des triangles de tissu, qu'ils devaient coudre eux-mêmes... les plaisanteries avaient à se mériter !


Pour tous les cons, les pourris, les xénophobes, les racistes, pour tous les nationalistes, les paranos, les protectionnistes, les intégristes, en deux mots :
« tous les défoncés du bulbe » qui pratiquent ce genre d'humour à la con, j' envoie ce tableau de Mohamed, un ami et un modèle dont j'ai partagé l'hospitalité et celle de ses parents. J'embrasserais volontiers son corps tout entier et celui de toute sa famille plutôt que de tatouer un centimètre carré de leur peau.

À chacun son humour !

Photo © Giliberti
Vieille dame tatouée de Matmata chez qui je me suis reposé et bu un thé.
Désormais,j'imagine qu'elle tire la langue à ce jerry Klein. .







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L'entrée sans porte,
Autour de ton grand corps
Gardait au centre du palais
Ses lourds secrets et mes désirs.

© Giliberti




L'entrée des contes
Obscure et verte
Ne parlait pas de mes espoirs.
Ne disait rien de mes repères.
Elle s'ouvrait nue
Mais inviolable
Au soir des mots,
Qui mentent et tuent.
© M Giliberti





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De toutes les douleurs, celles qui nous défont sont souvent les plus ordinaires comme les gestes de l’habitude qui, l’air de rien, grignotent notre belle énergie d’autrefois qui nous fit surestimer notre vie, l’imaginer sans blessure, moins barbare et si grande… Aussi grande qu’une traînée de poussière cosmique dans le noir sidéral.
Ces gestes de l’habitude qui, à casser l’enfance, construisent notre condition d’homme.
Alors, nous marchons sur les boulevards et nous rencontrons des visages tendus ou fatigués, des visages qui nous ressemblent… Nous reprenons les mêmes ascenseurs ne menant nulle part, nous refaisons la queue dans les magasins, nous nous excusons d’avoir heurté quelqu’un… nous consommons le consommable.
On s’enferme…
Nous avions pourtant convenu de vivre l’ouverture… pas l’entrebâillement.


Adolescent, j’aimais frissonner à lire « Les chants de Maldorore ».
Ce cher Isidore Ducasse me faisait entrevoir les bassesses et les horreurs d’un monde que j’étais persuadé ne devoir jamais reconnaître. Dans ses chants, il parlait des petites choses, des petites épaules, des petits enfermements, des petites aigreurs, des petits commérages et de l’absurde qui mènent au crime.
J’éteignais la lumière, je fermais le livre si loin de mes réalités et m’endormais dans la douceur de ma chambre.


Le temps est passé et depuis, la cruauté de sa clairvoyance s’est révélée à mes yeux.
Elle cohabite parfois avec moi et me fait accoucher de bébés monstrueux dont je partage la paternité dans mes peintures avec le Lautréamont de ma jeunesse.
Tous ces monstres sont mes chants, mes fausses notes, quand la médiocrité des détails, à tant se fondre dans le quotidien me fait parfois oublier la tragédie des choses sérieuses de nos vies.

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Il y a quelques jours, je descendais dans les entrailles d'un parking Vinci (un de ceux qui inondent et squattent notre territoire souterrain) et je me suis présenté devant « l'appareil à sous », histoire de me délester de quelques euros pour le peu de temps accordé à mon véhicule.

Je glissai mon ticket, puis ma carte bancaire, quand un homme s'approcha de moi pour me demander une pièce ou deux.
Je m'apprêtai à le faire quand, brusquement, une voix m'ordonna de ne pas satisfaire la demande de ce mendiant et lui pria de quitter immédiatement les lieux.
Sur le moment, j'ai cru que la voix ne s'adressait pas à moi, tant il me paraissait improbable qu'on puisse le faire, mais très vite en regardant dans la direction d'où l'ordre m'était parvenu, je découvris un haut-parleur et une caméra.
J'ai réalisé que tout était en place pour la société que décrivait Georges Orwell dans « 1984 ».

Avec flegme, j'ai sorti de ma poche une pièce et je l'ai donnée à ce malheureux, puis j'ai fait un doigt d'honneur à la caméra.
Une société du CAC 40 qui me taxe et me débite l'heure complète lorsque je dépasse d'une minute le temps effectif de stationnement ne manquait pas d'air à vouloir m'empêcher de faire l'aumône.

Que pouvais-je craindre des codes de Vinci ?


Quand je pense que c'est à Léonard de Vinci que je dois ma passion pour la peinture, ce Vinci-là ne me donne que l'envie de devenir une « racaille »... Il n'y a pas de fumée sans feu.

Quelle misère !


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Fin d'après-midi © Giliberti / 2006

Après avoir embarqué sur un ferry à Sfax, j'accostai une heure plus tard aux îles de Kerkennah, à seulement vingt kilomètres des côtes tunisiennes.
Le dépaysement fut total.
Des palmiers, des palmiers, encore des palmiers... La mer turquoise, le sable jusque dans les terres, les marabouts verts et blancs, les maisons ocre et bleues... La nonchalance des insulaires circulant à vélo ou marchant main dans la main. Tout me séduit.

Le marabout © Giliberti / 2006

C'était une fin d'après-midi. Je ne voulais plus repartir.
Le temps semblait arrêté. Il flottait sur l'île un parfum étrange, mélange de sel et d'épices, de poissons frais et de terre brûlée.
J'ai roulé un peu au hasard des rues et des routes qui longent la mer; je n'avais aucune envie de trouver mon hôtel.

Le repos © Giliberti / 2006

Au bord de l'eau, des hommes, pantalons retroussés jusqu'aux genoux, pêchaient ; d'autres discutaient et riaient. Les enfants se couraient après.
Il y avait une grande simplicité des êtres et des choses, de celles qui me confondent.
Je me suis enfin assis en retrait d'un ponton où s'activaient des femmes qui, plongées dans l'eau jusqu'aux cuisses, malgré leurs robes, lavaient de la laine en la frappant avec un battoir.
Les laveuses de laine © Giliberti / 2006

Des jeunes gens apercevant ma discrète présence me firent des signes amicaux et me proposèrent de rentrer dans leur ronde puis, à la vue de mon appareil photo, voulurent tous poser pour moi. Je m'y pliai bien volontiers.
Je pense qu'un homme triste est un homme qui n'a jamais connu cet espace-temps, où tout ce que vous dites, tout ce que vous faites semble lié au privilège et développe le meilleur de vous-même.
Le soleil commença sa lente descente jusqu'à l'horizon. L' île passa du bleu à l'orange. Les pêcheurs cessèrent de battre les vagues de leurs grandes palmes et arrêtèrent ainsi d'effrayer les mulets qui, scintillants, bondissaient hors de l'eau et retombaient sur des claies, puis ils vidèrent leurs gargoulettes des poulpes qui s'y étaient réfugiés.

La pêche miraculeuse © Giliberti / 2006

J'avais faim.
J'ai répondu au sourire amical d'un garçon et ensemble, nous avons discuté de tout et de rien quelques instants avant qu'il me demande lui aussi de le prendre en photo. Protégé par l'objectif, je remarquai à quel point il aurait fait un excellent modèle, mais je n'avais aucun courage d'aller plus loin dans la discussion et comme je repartais dans deux jours pour Mahdia, je n'aspirais qu'à me reposer. Enfin, j'ai retrouvé ma voiture. Vitres baissées dans la chaleur du soir, j'ai roulé lentement jusqu'à l'hôtel, le bras ballant à l'extérieur la portière, comme un vrai tunisien, à respirer cet air si particulier qui enferme les îles.
Après une bonne douche, je suis ressorti afin d'apprivoiser la nuit nouvelle.

Un sourire de Kerkennah © Giliberti / 2006

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Tant d'ivoire et d'aveux
Sur ta peau, dans tes yeux.
Temps d'y voir mes adieux
Temps d'y croire juste un peu.

Silence et désaveux
Sur mes mots, dans mes voeux.
Si lent ce pas si vieux
Si lourd de tant de peu.

Tant de bosses et de creux
Au discours amoureux.
Cours et dis que j'en veux
Juste encore, juste un peu.

© Giliberti /2006



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Extraits de "Black beauty" (huile sur toile) © Giliberti / 2006

Dès les premières gouttes de pluie, j’ai couru me réfugier dans le premier troquet de hasard. Après un rapide coup d’œil sur le décor désuet du comptoir vieillot et son alignement figé de bouteilles d’alcool, j’ai commandé un chocolat chaud.
Il n’y avait pas de clients à cette heure-là de la journée.
Juste le patron et sa femme qui s’ennuyaient derrière le zinc, dans cette époque qui n’était plus la leur.
Juste leur chien… intemporel.
Désabusés et silencieux ils surveillaient, par-delà la baie vitrée, ces autres si déroutants. Leur compréhension du monde s’était arrêtée aux années cinquante, quand les Messieurs retiraient leurs bérets ou leurs chapeaux en saluant les p’tites dames, quand les enfants polis et propres, avaient l’air d’appartenir à leurs parents. Ces années où les Français de l’après-guerre avaient une même mémoire et deux versions des souvenirs, selon qu’ils aient résisté ou profité !... Ces années pourtant où l’école nous bassinait avec ses leçons de morales et d’instruction civique.
Maintenant, ils ne comprenaient définitivement plus rien de cette jeunesse en casquettes et joggings qui sillonnait les trottoirs en rollers, en se foutant des vieux.
Et leur langage ! Hermétique, vulgaire ! Une vraie barrière entre branchés et déconnectés.
Et leurs jeux vidéo…
Et leur musique de malheur !
Non, décidément aucune valeur n’était respectée, quel gâchis ! Plus de chansonnettes, plus de bals musettes, plus de romantisme.
Et tous ces étrangers…
Les cafetiers, c’est à ça qu’ils pensaient tous les jours dans l’odeur moisie de leur antre à vinasse et de leur aigreur personnelle. Et quand ils n’en pouvaient plus, il se trouvait toujours un Français éloigné des clichés idéalisés de Doisneau et prêt à abonder dans leur sens. C’était le plus souvent un Français de cette bonne génération, au visage pétri d’intelligence avinée, accoudé au bar devant son sixième ballon de rouge, et crachant ses poumons au moindre rire. Un bon Français qui verdissait dès qu’un jeune beur buvait précipitamment une boisson chaude et saluait les patrons avant de retrouver dans le froid du chantier voisin le marteau-piqueur qui pulvérisait ses entrailles et ses oreilles à longueur de journée.
« Ça profite de nous et ça voudrait voter, cette racaille » qu’ils ajoutaient.
Derrière la vitrine du bar, leur bouche amère et retombante les faisait ressembler à ces poissons, qui dans les aquariums des super marchés attendent, fatalistes, qu’on les sorte de l’eau, qu’on les abatte d’un salutaire coup de massue, et qu’enfin, ils ne voient plus rien.
La pluie avait cessé.
Pour qu’ils décrochent de leur univers étriqué, et viennent encaisser la consommation, j’ai dû les appeler avec insistance.
C’est la femelle du poisson qui s’est enfin approchée. Elle boitait. Son pied droit prisonnier d’une triste chaussure orthopédique devait être la cause masochiste qui la faisait se déplacer. Son mâle de mari pouvait ainsi culpabiliser à loisir et lui offrir toutes les mesquines raisons de sa rancune pour lui, jusqu’à ce qu’elle gâche volontairement la soupe épaisse du soir et lui cache ses fromagères charentaises. Le chien, avachi près du comptoir était à coup sûr le seul lien entre ces malades de la médiocrité. Il devait, pendant le dîner, se traîner de l’un à l’autre, renifler à chaque bout de la toile cirée et quémander du rab. Malheureusement, les infâmes croquettes dont il était gavé ne lui apportaient qu’une chute de poils et une mauvaise haleine égale au pestilentiel débit verbal de ses patrons. D’un ordre sans appel, ses chers maîtres devaient le renvoyer à sa paillasse saturée de puces, où à l'ordinaire, il reposait ses pattes arrière couvertes d’escarres, ainsi que ses pauvres os ankylosés de ne jamais courir : « Attaque ! Attaque ! Malheureux gardien ! C’est bien eux qu’il faut bouffer ! » De la carne bien indigeste certes, mais quel bonheur de remercier un chien qui a débarrassé la France de deux salauds.
Quand elle fut devant moi, la cafetière m’impressionna. Son masque tragique me fit entrevoir l’image de la mort et de la haine.
J’ai payé.
Je suis sorti très vite.
Urgence d’oublier.
Un jeune black, démarche dégingandée et bonnet rouge sur le crâne, m’a dévisagé en me croisant. Il sentait la vanille et le plaisir.
J’ai souri à ce charmant commandant « Costaud », tranquille et rassurant, puis apaisé, je me suis mis en route.
Derrière la vitre de l’aquarium, les « poissons-cafetiers » devaient me suivre de leurs yeux chassieux. Le beau jeune homme noir avait dû faire monter à leur bouche de piranha, l’acidité des rancœurs.




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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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